27 janvier : Journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité

Publié le : , par  Chantal

" Pour libérer l’humanité d’un fléau odieux"
Le 27 janvier, date anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz, a été choisi par l’Union Européenne, en 2002, puis par les Nations Unies en 2005 comme "Journée dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste". En 2009 elle est devenue la "Journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité". Elle vise à rappeler le souvenir des horreurs passées pour mieux éduquer à la vigilance et au respect des valeurs démocratiques.

Le XXème siècle, siècle des génocides ?

Si les génocides ne sont pas nés au XXème siècle, si l’Histoire est jalonnée de massacres de masse, le mot a été forgé en 1944 par le juriste polonais Raphael Lemkin. Il expose une notion juridique sans précédent, définissant le génocide comme l’extermination physique, intentionnelle, systématique et programmée d’un groupe ou d’une partie d’un groupe en raison de ses origines ethniques, religieuses ou sociales.
En 1948, grâce aux efforts de Lemkin, l’Organisation des Nations unies (ONU) adopte la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide qui, entrée en vigueur en 1951, érige, en droit international, le génocide en crime.
Trois génocides ont été reconnus comme tels par toutes les instances : le génocide des Arméniens par l’Empire ottoman, le génocide des Juifs par les nazis, le génocide des Hutus par les Tutsis au Rwanda .
Mais la définition juridique du génocide n’a cessé de provoquer des discussions visant à élargir cette définition pour qualifier tous les crimes contre l’humanité, au risque de la diluer. Par exemple l’esclavage, aussi atroce qu’ait été ce crime de masse, ne peut pas être qualifié de génocide. Et la polémique peut parfois dégénérer en "concurrence mémorielle" regrettable.

Sanctionner et prévenir : Une juridiction internationale.

Devant l’atrocité des crimes masse commis en ex-Yougoslavie et au Rwanda, l’ONU instaura en 1992 un"Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie", puis en 1993 un"Tribunal Pénal International pour le Rwanda"
Puis l’ONU reconnaît en 2002 la « compétence universelle » des tribunaux nationaux à poursuivre tout acte de génocide où qu’il ait eu lieu, et crée une instance internationale spécialisée, la Cour pénale internationale
De plus, deux Conseillers spéciaux du Secrétaire général de l’ONU sont en charge de cette question :
"Le Conseiller spécial pour la prévention du génocide" est chargé d’informer sur les causes et les mécanismes du génocide, d’alerter les intervenants lorsqu’il y a risque et de faire prendre les mesures qui s’imposent, en relation avec le Conseiller spécial pour la responsabilité de protéger.
Les conseillers spéciaux alertent régulièrement sur les situations qui risquent de dégénérer en génocides.

Mais l’ONU n’arrive pas à traduire en actes efficaces son discours et trop souvent "la politique l’emporte sur l’éthique". La faillite de son action au Rwanda reste dans toutes les mémoires.

Éduquer pour prévenir

Depuis la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses organisations consacrées à l’étude et la prévention des génocides ont vu le jour. Ce furent d’abord des organisations œuvrant pour le souvenir de la Shoah. Depuis les années 1980 on assiste à la création d’organisations qui s’intéressent plus particulièrement aux génocides. Pour lutter contre l’indifférence relative de l’opinion publique internationale qui ne se sent pas concernée lorsque les victimes sont des peuples géographiquement ou culturellement distants, elles suscitent des recherches historiques, elles organisent des rencontres internationales, elles diffusent du matériel pédagogique, "pour que chacun prenne conscience que le génocide est un fléau de l’humanité qui concerne l’humanité toute entière." (Samuel Totten)
Toutes les ONG qui œuvrent pour les Droits de l’Homme sont partie prenante de ce travail de très longue haleine.

Une journée pour se souvenir

En France, depuis 2007, les enseignants sont invités à engager le 27 janvier une réflexion sur l’extermination par les nazis des Juifs et des Tziganes durant la Seconde guerre mondiale (1939-1945) ainsi que sur les autres génocides reconnus, tel le génocide arménien (1915-1916), cambodgien (1975-1979) ou tutsi (1994).

"Enseigner la Shoah, mais surtout le processus qui y conduisit, est un devoir. Devoir exigeant et difficile.
Les enseignants y ont un rôle essentiel : montrer aux élèves le prix de la tolérance, de la primauté du savoir et de la raison sur les phantasmes et les idéologies, qui constituent le socle de l’éducation à la citoyenneté.
La mémoire de la Shoah nous oblige, en effet, à rester vigilants, non seulement pour les juifs, mais pour tous ceux qui sont victimes d’ostracisme en raison de leur identité, de leur ethnie ou de leur religion.
Il a fallu près de soixante ans pour que notre souffrance soit exprimée et entendue dans sa singularité.
Aujourd’hui, elle est partie prenante de notre mémoire commune."
Simone WEIL

A LIRE

Le livre noir de l’humanité : encyclopédie mondiale des génocides
CHARNY, Israël W., Editions Privat, 2001
Après avoir expliqué le sens du mot génocide et ses différentes acceptations, ce livre noir fait le tour des horreurs commises au XXème siècle, des idéologies et des grands dictateurs. Plus de 200 entrées sont classées par ordre alphabétique. Plus qu’un tour du monde des massacres et atrocités, cet ouvrage est un appel à la vigilance suite à une prise de conscience.
 [1]

Histoire du génocide arménien
DARRIAN Vahakn, Stock, 1999
Ce livre somme relate le massacre de centaines de milliers d’Arméniens en 1915, sur ordre du gouvernement des Jeunes-Turcs d’Enver Pacha. En étudiant " le premier génocide du siècle", l’auteur dénonce l’implication d’officiels allemands en service en Turquie pendant la 1ère guerre mondiale.
 [2]

La Turquie et le fantôme arménien : sur les traces du génocide
Marchand, Laure ; Perrier, Guillaume, Actes Sud, 2013
Le premier génocide du XXe siècle reste impuni en ce début de XXIème siècle . La Turquie continue de nier les massacres de centaines de milliers d’Arméniens ottomans pendant la Première Guerre mondiale et s’efforce d’effacer les traces de ce crime. Partant de Marseille, les deux auteurs, journalistes, ont mené une vaste enquête de terrain sur la mémoire du génocide dans la Turquie d’aujourd’hui.
1

Shoah, l’impossible oubli
Grynberg, Anne, Gallimard, 1995
Le livre très documenté d’une historienne qui analyse la Shoah.Afin que nul n’oublie..
2

Englebert des collines
Hatzfeld, Jean, Gallimard, 2014
Cet ouvrage livre le témoignage poignant d’Englebert, rescapé du génocide rwandais.
3

Rwanda Histoire d’un génocide
Braeckman, Colette,Fayard,1994
Cet ouvrage est le premier à poser les bases d’une histoire authentique du troisième génocide du XXème siècle.
 [3]

Souviens-toi Akeza ! les enfants rwandais dans la guerre
Bayle, Reine-Marguerite, Syros jeunesse, 1997
Public collège
Au Rwanda, entre 1994 et 1996, Akeza et Habimana ont vécu des années d’enfer. Quel sera le futur de ces enfants sacrifiés ? D’autres enfants sont accusés d’avoir participé au génocide. Accusés, emprisonnés, jugés peut-être un jour, sont-ils coupables ou victimes ?
3

BD

Medz Heghern Le grand mal
Cossi, Paolo, Dargaud 2009
Paolo Cossi raconte le calvaire subi entre 1915 et 1916 par le peuple arménien au travers de l’histoire d’Aram et Sona.
2

Maus : Un survivant raconte
Spiegelman, Art, Flammarion, 2012
L’auteur raconte la Shoah d’après les souvenirs de son père et la transpose dans un contexte animalier.
2

La fantaisie des Dieux
Saint-Exupéry, Antoine de, Les Arènes, 2014
20 ans après, le journaliste Patrick de Saint Exupéry retourne au Rwanda accompagné d’Hippolyte, auteur de bandes dessinées. Cet ouvrage porte un témoignage distancié du génocide des Tutsis au Rwanda.
3

A VOIR

Une histoire de fous, Robert Guédiguian, 2015
Au travers de l’histoire d’un jeune arménien qui, en 1981,choisit la lutte armée, ce film traite des questions du souvenir, de la vengeance, du pardon, de la justice et pointe du doigt la responsabilité de l’Etat turc dans le génocide arménien.

Le Fils de Saul, László Nemes, 2015
Un film hongrois sur les commandos spéciaux d’Auschwitz.

La révélation, Hans-Christian Schmid, 2010
Le film évoque sous la forme d’une fiction les procès du Tribunal Pénal International pour l’ex Yougoslavie à partir des faits qui se sont produits à Vilina Vlas.

J’ai serré la main du diable, Roger Spottiswoode, 2007
Un film canadien sur l’échec de l’ONU pendant le génocide des Tutsis.

DES OUTILS PEDAGOGIQUES

"Enseigner l’histoire de la "Shoah"
Site internet réalisé en 2012 par le Mémorial de la Shoah, avec le soutien du ministère de l’éducation nationale. Il est destiné aux enseignants de l’école élémentaire, du collège et du lycée. S’appuyant sur les programmes scolaires, il met à la disposition des équipes pédagogiques de nombreuses ressources, directement utilisables en classe

Le grenier de Sarah
Un site d’introduction à l’histoire de la Shoah proposé par le Mémorial de la Shoah et le Ministère de l’Éducation qui s’adresse spécifiquement aux enfants de 8 à 12 ans, dans le respect de leur sensibilité..

POUR ALLER PLUS LOIN

Centre commémoratif de l’Holocauste de Montréal
Ensemble contre le génocide : Comprendre, Questionner, Prévenir
Une invitation à se questionner et à réfléchir sur le génocide en tant que crime qui peut être prévenu. C’est un phénomène qui peut être étudié, compris et qui, en conséquence, peut et doit être arrêté.

La solution finale de la question juive In Memoriam
Un site consacré à la mémoire de la Shoah, mais qui s’attache, dans 9 rubriques du sommaire, à étudier le phénomène génocidaire en tant que tel : définition, commentaires, gouvernement et génocide, eugénisme et génocide, psychologie et psychosociologie du génocide, prévention, système d’alerte avancé etc..

Encyclopédie en ligne sur la violence de masse
Une encyclopédie en ligne, gratuite et en anglais, répertoriant génocides et massacres de masse au XXe siècle, proposée par le Centre d’études et de recherche internationales (CERI), soutenue par le CNRS, Sciences-Po, la Fondation pour la mémoire de la Shoah, l’Institut pour la recherche sociale de Hambourg et le Mémorial de Caen.

Notes

[11 : disponible dans le réseau RITIMO

[22 : disponible à la Bibliothèque municipale de La Flèche

[33 : Disponible au CDTM72

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