L’esclavage a été aboli depuis longtemps mais il existe encore aujourd’hui dans le monde entier sous de nombreuses formes : l’esclavage pour dettes, le travail forcé, l’esclavage sexuel, le mariage forcé, le trafic de personnes, entre autres. Que les victimes soient contraintes de travailler dans des maisons, des champs, des usines, des maisons closes, ou de se marier, elles ont toutes en commun d’’être exploitées, maltraitées et de ne pas être libres.
En 2013, selon l’ONG Walk Free, ce sont 29,8 millions de personnes dans le monde qui sont victimes de l’esclavage. Les 3 /4 d’entre elles vivent en Asie, notamment en Inde (14 millions d’esclaves), en Chine (2,9 millions) et au Pakistan (plus de 2 millions). En Inde, des communautés entières sont réduites en esclavage dans des villages du nord, forcées de fabriquer des briques, de travailler dans des usines ou de tisser des tapis.
Si l’on prend en compte le pourcentage de population réduite en esclavage, 14 pays africains dont la Mauritanie, le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Gabon et le Sénégal sont parmi les 20 pays les plus mal classés ; c’est la Mauritanie qui affiche le taux le plus élevé, avec 4% de sa population (soit 150 000 personnes sur 3,8 millions) réduite en esclavage, souvent héréditaire.
Même les pays les mieux classés par Walk Free comme l’Islande ou l’Irlande ne peuvent pas être considérés comme dépourvus d’esclavage moderne. La France est touchée également avec environ 8 500 esclaves, souvent des jeunes femmes d’origine étrangère employées comme « domestiques ».
Il est difficile de lutter contre l’esclavage moderne qui reste caché et dont les victimes appartiennent souvent aux groupes sociaux les plus pauvres et les plus vulnérables ; la peur et la nécessité d’assurer leur survie les maintiennent dans le silence. Mais des lois contre l’esclavage moderne existent tant au niveau international que national, laissant espérer un avenir meilleur (cf en France la loi de juillet 2013 créant le crime de réduction en esclavage).
A lire
Des ouvrages
Le travail des enfants dans le monde Bénédicte MANIER - 2011
Actuellement des enfants travaillent dans les pays du sud mais également dans les pays nord ( Etats-Unis, Grande-Bretagne...). Les conditions d’emploi sont extrêmement variées, allant des tâches domestiques à l’esclavage. La pauvreté est toujours la cause de ce type de travail ainsi que l’échec de la scolarisation universelle. Les institutions internationales, les syndicats et les ONG tentent de faire respecter le droit des enfants à une vie décente même si on ne peut supprimer totalement ce phénomène.
Atlas des esclavages : Traites, sociétés coloniales, abolition de l’Antiquité à nos jours. Marcel DORIGNY - 2006
Depuis l’Antiquité jusqu’au XXIe siècle, toutes les formes d’esclavage et de traite, y compris les formes actuelles d’esclavage, sont abordées.
Le silence de l’innocence. Somaly MAM - 2005
Somaly Mam retrace dans ce livre son enfance d’esclave battue, violée. Elle témoigne sur la torture dans les bordels, et raconte le destin d’enfants cambodgiens vendus dès l’enfance, puis prostitués qui finissent souvent par mourir du SIDA ou d’une MST.
La modernité de l’esclavage, essai sur la servitude au coeur du capitalisme. Yves BENOT - 2003
L’auteur nous offre une histoire de l’esclavage à travers le temps, les écrits et les controverses qu’il a suscité. Les derniers chapitres abordent les formes modernes d’esclavage mondial liées au capitalisme mondialisé : économie, pouvoir, sexe... conduisant au travail forcé sans liberté, au travail subi des enfants-esclaves (soldats)...
Iqbal. Un enfant contre l’esclavage Francesco de ADAMO - 2002
Iqbal travaille enchaîné dans une fabrique de tapis pour payer la dette due par ses parents. Il affirme qu’il s’échappera un jour. Aidé par un adulte, Iqbal et les autres jeunes victimes arrivent à se libérer. Mais les hommes de pouvoir assassinent Iqbal le jour de Pâques. Il est devenu le symbole de la libération des enfants esclaves.
L’esclavage, en France, aujourd’hui. Christine LAZERGES - 2001
Etat des lieux d’un phénomène qu’on pourrait croire d’une autre époque : réalité multiforme, réseaux mafieux, manques dans l’arsenal juridique national et international, absence de statut de protection des victimes... cette situation rend nécessaire de faire de la lutte contre l’esclavage une réelle priorité.
Une esclave moderne. Henriette AKOFA - 2000
L’ouvrage reprend le témoignage d’une jeune togolaise qui quitte son pays à l’âge de quinze ans pour aller travailler au service d’une famille française installée à Paris.
Des articles
Hong Kong : des milliers d’Indonésiennes victimes de traite et d’esclavage domestique
Amnesty International
Article paru le 22/11/2013
Trente millions d’esclaves dans le monde
Cordélia Bonnal
Article paru dans Libération le 17/10/2013
L’esclavage moderne n’est pas différent de celui pratiqué il y a 150 ans
Rebecca J. Scott (Professeur d’histoire et de droit à l’université du Michigan)
Article paru dans Le Monde le 22/07/2013
Esclaves et domestiques Bulletin de COURRIER INTERNATIONAL, N° 1130 - 2012
Plusieurs millions de domestiques originaires d’Asie du sud-est et d’Afrique de l’est travaillent au Moyen-Orient. Beaucoup subissent des mauvais traitements de la part de leurs employeurs qui les maintiennent dans une situation d’esclave. Isolées, pauvres, sans protection juridique, elles ne peuvent pas faire valoir leurs droits et sont parfois obligées de risquer leur vie pour s’enfuir. Leur situation est d’autant plus désespérée que les Etats qui les accueillent, tout comme leurs pays d’origine, les abandonnent souvent à leur sort.
Traite de femmes migrantes, domesticité et prostitution : à propos de migrations internes et externes. Naxima MOUJOUD - CAHIERS D’ETUDES AFRICAINES, VOL. 45, N° 179-180 - 2005
Cet article montre que les formes contemporaines de "traite" (au sens de trafic) s’enracinent dans des réalités sociales et des structures d’exploitation préexistantes. Une analyse faite à partir de témoignages de femmes migrantes en France souligne l’imbrication qui existe entre la volonté d’émigrer et le "trafic".
Esclavage moderne ou modernité de l’esclavage : les habits neufs de l’esclavage : métamorphoses de l’oppression au travail. Roger BOTTE - CAHIERS D’ETUDES AFRICAINES, VOL. 45, N° 179-180 - 2005
Malgré l’abolition de l’esclavage, des formes sournoises d’exploitations par le travail se multiplient, accompagnant la mondialisation de l’économie.
Du confiage à l’esclavage : " petites bonnes " ivoiriennes en France. Mathias DESHUSSES - CAHIERS D’ETUDES AFRICAINES, VOL. 45, N° 179-180 - 2005
De nombreuses jeunes femmes ivoiriennes travaillent en France comme employées de maison dans des conditions contraires au droit du travail, véritable situation "d’esclavage" domestique.
Apparences de droits et réalités de la traite humaine en Asie du Sud-Est. Somaly MAM - ALTERNATIVES SUD, VOL. 12, N° 3, P. 89-109 - 2005
La persistance de l’esclavage sexuel doit être combattue par une coopération entre la justice et la police combinée à une action sur les mentalités. La volonté d’unir le monde par l’économie libérale donne au commerce du sexe des dimensions industrielles et internationales. En Asie du Sud-Est, les réalités sont contrastées, malgré les apparences, d’un pays à l’autre. Il faut prendre en compte les différentes configurations culturelles locales et les différentes structures des rapports sociaux.
Nouvelles formes d’esclavage parmi les Chinois récemment arrivés en France Gao YUN - HOMMES ET MIGRATIONS, N° 1254 - 2005
Les Chinois de France constituent la plus importante population chinoise d’Europe. Surreprésentés dans des secteurs tels que le textile, la restauration et la maroquinerie, la non-application de la loi quant aux conditions de recrutement et de travail de la main d’oeuvre s’est transformée en monnaie courante. Cet article met en valeur certains témoignages de ces travailleurs sans statut juridique.
L’esclavage toujours d’actualité Isma DADDIS SAGNA - CHRONIQUE D’AMNESTY, N° 187 - 2002
En Occident, l’esclavage est chose réglée : cela n’existe plus officiellement. En réalité, il y a 27 millions d’esclaves dans le monde. Ce fléau est toujours vivace en Afrique et en Asie, et se nourrit de la pauvreté, de la misère, de la ségrégation raciale. La Conférence de Durban a soulevé cette question de l’esclavage, mais sans réussir à trouver des ébauches de solution.
A voir
L’esclavage moderne de Fatou Pépiang TOUFDY - 2013
Fatou une adolescente, originaire du Tchad qui n’a jamais vécu loin de sa famille. Une jeune élève ambitieuse qui rêve de décrocher le bac. Ses parents la confient à un ami de la famille pour qu’elle termine ses études en France. Il y a des mots pour décrire le scandale que Fatou a vécu : l’esclavage moderne. Fatou n’a jamais été payée, Fatou n’a jamais eu de vacances, de droits, de liberté. Mais Fatou a fait des plans pour s’évader grâce à l’aide de Mohamed.
Johnny Mad Dog Jean-Stephane Sauvaire - 2008
Johnny, 15 ans, enfant-soldat aux allures de rappeur, armé jusqu’aux dents, est habité par le chien méchant qu’il veut devenir. Avec son petit commando, il vole, pille et abat tout ce qui croise sa route. Des adolescents abreuvés d’imageries hollywoodiennes et d’information travestie qui jouent à la guerre...Laokolé, seize ans, poussant son père infirme dans une brouette branlante, tâchant de s’inventer l’avenir radieux que sa scolarité brillante lui promettait, s’efforce de fuir sa ville livrée aux milices d’enfants soldats, avec son petit frère Fofo, 8 ans. Des enfances abrégées, une Afrique ravagée par des guerres absurdes, un peuple qui tente malgré tout de survivre et de sauvegarder sa part d’humanité.
La légende de la Terre Dorée Stéphane BRASEY - 2007
Chaque jour des milliers d’ouvriers agricoles fuient la misère du Nordeste et affluent dans l’Etat du Para, au cour de l’Amazonie brésilienne, espérant trouver du travail. Le film montre comment ils sont réduits à l’état d’esclaves par les grands propriétaires terriens, rois de l’agrobusiness. Il décrit la situation de ces paysans sans terre et sans droits qui s’organisent dans des mouvements de résistance tels celui de la Pastorale de la Terre, initiée et animée par deux dominicains français. Au final, on voit comment cette résistance a reçu un écho de la part du gouvernement brésilien qui a engagé une démarche afin d’éradiquer la pratique de l’esclavage. Ainsi l’intervention des inspecteurs du travail a permis de libérer 20 000 travailleurs, fragilisant l’impunité des grands fermiers.
It’s a Free World Ken Loach - 2007
Dans It’s a free world, Ken Loach, pointe du doigt le scandale de l’exploitation des travailleurs immigrés, payés une misère dans un système économique qui ne peut plus se passer de cette main d’oeuvre bon marché. il nous parle de ces esclaves modernes que l’on va chercher aux quatre coins du monde pour qu’ils effectuent des travaux sous-payés que personne, sinon eux, n’accepterait de faire.
Pour aller plus loin
Anti-Slavery International :
Anti-Slavery International a été créée en 1839, ce qui en fait l’organisation internationale de défense des droits de l’homme la plus ancienne du monde. l’association se consacre exclusivement à la lutte contre l’esclavage et aux autres pratiques analogues.
Comité contre l’esclavage moderne :
Le CCEM se bat contre toutes les formes d’esclavage, de servitude et de traite des êtres humains. Il se fonde sur l’article 4 de la Déclaration des Droits de l’Homme : "Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude. L’esclavage et la traite des esclaves sont interdites sous toutes leurs formes".
Organisation Internationale Contre l’Esclavage Moderne (OICEM) :
Créée en 2001 à Marseille, l’association accompagne des hommes, des femmes et des enfants victimes des formes actuelles de l’esclavage domestique et du travail forcé. Le projet et les actions menées par l’OICEM s’inscrivent dans la lutte contre toutes les formes de marchandisation de l’humain.
Office des Nations Unies contre la drogue et le crime :
Dépositaire de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et du Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes s’y rapportant, l’ UNODC a fait de la lutte contre la traite l’une de ses priorités.
Slavery Footprint :
Le but du site Slavery Footprint, est de sensibiliser les habitants des pays riches à la question de l’esclavage moderne, via une application très graphique et ludique. il propose un test qui permet de calculer votre "empreinte esclavagiste", calculée en nombre d’hommes sur un planisphère, détaillant les zones géographiques où sont exploités "vos" esclaves. Très visuel et efficace !