" Nous ne sommes pas des oiseaux vivant dans les airs, nous ne sommes pas des poissons vivant dans l’eau. Nous sommes des paysans dont la vie dépend de la terre ". Mouvement paysan unifié d’Aguan, Honduras (MUCA)
Nous verrons dans cet article un aspect majeur des luttes paysannes dans les pays du Sud et en Europe : la mobilisation contre l’accaparement des terres
En Europe, seulement 3% des propriétaires terriens contrôlent la moitié des terres cultivables, proportion comparable à celle du Brésil par exemple. Cette concentration s’accompagne de différentes formes d’accaparement de terres en Hongrie, en Roumanie, en Serbie, en Ukraine, voire même en France, Espagne.... Tout comme dans les pays du Sud, beaucoup de ces transactions foncières à grande échelle sont réalisées de manière secrète et non transparente.
Cependant, dans les pays du Sud, ces phénomènes d’accaparement de terres sont d’autant plus dramatiques car ils mettent en jeu la souveraineté alimentaire.
Il faut rappeler que l’espace rural demeure le cadre de vie de plus de la moitié de la population dans le Sud et l’agriculture sa principale source de revenus. Selon Laurent Delcourt, [1] "sur les sept milliards d’êtres humains qui peuplent la planète, près de 3 milliards vivent toujours à la campagne. Et 83% d’entre eux - mais plus de 90% si on se limite à l’Asie, l’Afrique et l’Amérique - dépendent de l’exploitation de la terre et de ses ressources pour leur survie(FAO, 2013)."
L’accaparement des terres est un phénomène ancien mais il a pris une ampleur inquiétante depuis la crise alimentaire, énergétique et financière de 2007-2008. La flambée des prix mondiaux des denrées alimentaires a poussé certains pays (pays du Golfe, Corée du Nord, Inde, Chine) à délocaliser leur production alimentaire. Elle a incité aussi des opérateurs privés du Nord comme du Sud (firmes agroalimentaires mais aussi fonds de pensions, banques,...), attirés par les perspectives de profit, à acquérir d’immenses domaines pour y produire des aliments, souvent exportés, et des agrocarburants. Ces investissements ont été rendus possibles par les réformes néolibérales des années 80-90 : la libéralisation des échanges économiques et financiers, la dérégulation des marchés... De plus les gouvernements locaux, les organisations régionales et internationales (la Banque Mondiale notamment) les ont encouragés et facilités.
Ce sont de très vastes étendues de terres occupées par des communautés paysannes depuis des générations, qui sont désormais contrôlées par des investisseurs étrangers. Par exemple, au Mali, dans la zone de l’Office du Niger, selon l’Oakland Institute, fin 2010 544 000 hectares avaient été attribués dont 372 000 ha à des investisseurs étrangers alors que la taille moyenne de l’exploitation vivrière y est de 4,7 ha ! Au total, dans un rapport publié en septembre 2010, la Banque Mondiale a recensé entre octobre 2008 et juin 2010, 463 projets portant sur près de 56 millions d’hectares ! L’Afrique où la terre est souvent propriété de l’état, est la cible privilégiée de ces investissements ; elle représente 60% des terres accaparées depuis 2008. Viennent ensuite, mais loin derrière l’Asie du Sud-Est et l’Amérique latine.
Cette ruée sur les terres constitue une menace directe pour les communautés locales. Un rapport de la Banque Mondiale de 2010 se fondant sur des transferts de terres réalisées entre 2004 et 2009 dans 14 pays révèle que la plupart des projets ignorent les procédures légales pour l’acquisition des terres, déplacent des populations locales sans compensation, sans consultation, créent beaucoup moins d’emplois que prévu... Il conclut que "beaucoup d’investissements [...] n’ont pas répondu aux attentes des populations locales dans une situation plus mauvaise que si ces investissements n’avaient pas vu le jour ..."
Face à ces projets qui détériorent leurs conditions de vie, et parfois les affament, les populations rurales ne sont pas restées passives. Depuis 15 ans, on assiste à une forte croissance des conflits dans le monde rural, qui se concentrent dans les régions où la terre est convoitée. Ils opposent, parfois violemment, des petits producteurs et des communautés rurales à de puissants opérateurs privés nationaux ou transnationaux. Mais les pressions accrues sur les terres ne peuvent, à elles seules, expliquer la montée en puissance de la protestation sur les trois continents. Le facteur décisif, c’est l’existence d’organisations autonomes vis-à-vis des pouvoirs publics, capables de canaliser, d’amplifier les revendications paysannes. En effet, depuis 30 ans, avec la vague de démocratisation qui a touché successivement l’Amérique latine, l’Asie et l’Afrique, des organisations paysannes sont apparues dans de nombreux pays du Sud, créées à l’initiative d’ONG, d’églises... Et, du fait de la mondialisation des enjeux agraires, certaines se sont rapprochées et ont coordonnée leurs luttes. Ainsi de nombreuses coalitions nationales, régionales et internationales se sont formées pour être plus efficaces et rendre les luttes plus visibles.
Parmi ces coalitions, la Via Campesina est une des plus importantes. Créée à Mons (Belgique) en 1993 à l’initiative d’organisations paysannes du Sud, elle regroupe aujourd’hui 150 organisations et représente 200 millions de ruraux dans près de 70 pays d’Asie, d’Afrique, d’Europe et des Amériques. Cette coalition, présente dans les grands rendez-vous internationaux, dénonce la mainmise de l’agrobusiness sur le monde paysan. Déjà en 2006, lors du Forum social de Porto Alegre, elle s’est positionnée contre les accaparements de terres. Très active au Forum social de Dakar en 2011, elle a participé à la rédaction de l’Appel de Dakar qui a servi de socle à la construction d’une lutte collective débattue et validée lors de deux conférences internationales "Stop aux accaparements" en 2011 et 2012.
Mais la Via Campesina et les autres mouvements paysans ne représentent encore qu’une minorité du monde rural. Sur près de 3 milliards de ruraux que compte la planète, la grande majorité n’appartient à aucune organisation.
Aussi, comme l’évoque Laurent Delcourt, un changement de stratégie s’avère être le grand défi à relever par les mouvements paysans. Une convergence avec d’autres acteurs sociaux en lutte - syndicats ouvriers, mouvements indigènes, écologistes, migrants, associations de consommateurs, réseaux de producteurs agroécologiques, ... permettrait de mettre en avant la souveraineté alimentaire et l’agroécologie et de faire échec à l’agriculture industrielle et à la " révolution verte ".
A lire [2]
Vers l’installation d’un village des Sans terre devant la cité administrative du Mali.
Coordination nationale des organisations paysannes du Mali, 2014/04
La CNOP dénonce les pratiques abusives des dirigeants maliens qui permettent à des maires et à des entreprises nationales ou étrangères d’expulser de leurs terres les communautés paysannes et de leurs octroyer des titres fonciers et occupe depuis lundi 31 mars 2014 la bourse du travail à Bamako.
L’accaparement de terres et la concentration foncière menacent-ils l’agriculture et les campagnes françaises ?
CHAPELLE, Sophie, BASTA !, 2014/04
L’urbanisation fait disparaître 78 000 hectares de surfaces agricoles par an en France. Soit la surface moyenne d’un département entier tous les 7 ans, un stade de football toutes les 5 minutes ou un potager de 25 m² chaque seconde.L’arrivée de capitaux étrangers, russes dans le vin ou chinois pour le lait, par exemple, l’étalement urbain et la concentration sans précédent des terres cultivables aux mains de grosses exploitations participent à la disparition des paysans. Alors que l’opacité règne sur les transactions foncières, la logique financière se répand. La loi d’avenir agricole examinée à partir du 8 avril au Sénat devrait permettre une plus grande régulation du marché foncier.
La terre est à nous ! Pour la fonction sociale du foncier, résistances et alternatives. RITIMO, Passerelles n°10, 2014/03
De nombreux mouvements sociaux, chercheurs, organisations sociales, autorités locales et nationales et organismes internationaux sont préoccupés par la question de la fonction sociale du foncier et du logement, et ce, dans le monde entier. Ce numéro de la collection Passerelle porte leurs analyses et expériences.
SENEGAL : Soutenons les 37 villages de Ndiaël privés de leurs terres
PEUPLES SOLIDAIRES - APPELS URGENTS, 2014/02
au Sénégal, l’entreprise Senhuile SA dépossède des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants de leur unique ressource pour vivre, leurs terres. Pas de prise en compte des droits des populations locales, un accaparement de terres honteux, une mise en péril directe de la sécurité alimentaire des habitant-e-s de la région de Ndiaël : la liste est longue ! Afin de défendre leurs droits, les communautés locales, qui s’opposent au projet depuis le début, ont créé le Collectif pour la défense de la réserve de Ndiaël.
Accaparement des terres à Madagascar, échos et témoignages du terrain 2013,
Collectif pour la Défense des Terres Malgaches, Re:Common, Solidarité des Intervenants sur le Foncier, 2013/09
le rapport relate les impressions et témoignages des personnes directement concernées et des communautés locales victimes des accaparements de terres. La mission sur le terrain ainsi que la rédaction du rapport ont été réalisées conjointement par trois organisations de la société civile : l’ONG italienne Re:Common, la plateforme malgache Solidarité des Intervenants sur le Foncier - SIF, et le Collectif pour la Défense des Terres Malgaches – TANY.
Etat des résistances dans le Sud. Les mouvements paysans
ALTERNATIVES SUD, n° 20, 2013/4
Le monde rural dans le Sud est traversé par des dynamiques soutenues de mobilisations. Réponses aux mutations qui affectent les campagnes et érodent les conditions de vie, ces luttes pointent les menaces qui pèsent sur la souveraineté alimentaire et les équilibres naturels. Pour surmonter les obstacles et incarner une réelle force de changement, ces mouvements sociaux devront poursuivre leurs convergences et construire de nouvelles alliances sociales et politiques. [note de l’auteur]
Emprise et empreinte de l’agrobusiness
ALTERNATIVES SUD, n° 19, 2012/3
Les agences de financement du développement ont activement contribué au processus d’accaparement des terres et ont renforcé leur emprise sur le système agroalimentaire mondial. Les mouvements paysans dénoncent cette stragégie de concentration à l’échelle planétaire au nom de la souveraineté alimentaire et de la diversité agricole.
Main basse sur la terre : Land grabbing et nouveau colonialisme
LIBERTI, Stefano,Rue de l’échiquier, 2013/03
L’auteur nous livre ici son témoignage grâce à 3 années de recherche qu’il a mené à travers différents pays du monde. De l’Ethiopie à Genève, de Chicago à Riyad, le journaliste est parti à la rencontre des acteurs de ce phénomène qui a explosé depuis 2008, l’accaparement des terres. En effet, il a rencontré des investisseurs, des ministres, des institutions telles que la FAO, des agriculteurs, etc. La ruée sur les terres africaines, sud américaines et d’Europe de l’Est ne fait que s’intensifier au détriment des populations locales et des ressources.
Hold-up sur l’alimentation : comment les sociétés transnationales contrôlent l’alimentation du monde, font main basse sur les terres et détraquent le climat"
GRAIN, CETIM, 2012/10
Cet ouvrage met l’accent sur le fait que les industries agro-alimentaire et financière sont en grande partie responsables de la crise climatique et de l’accaparement des terres. Il explique pourquoi la lutte pour la souveraineté alimentaire est indispensable, identifie ses acteurs et présente les alternatives possibles.
L’Appel de Dakar contre les accaparements de terres
Cet appel a été adopté lors d’une assemblée de convergence rassemblant les organisations paysannes, ONGs, syndicats et autres mouvements sociaux réunis à Dakar pour le Forum Social Mondial en février 2011.
Accaparement des terres. Les paysans privés d’avenir
CROLA, Jean-Denis. ALTERMONDES, n° 24, 2010/12, P. 6-9
En 2009, près de 45 millions d’hectares de terre - l’équivalent de la superficie de la Suède - ont été achetés ou loués dans les pays en développement. Pour les investisseurs privés, l’accaparement des terres est devenu une source de nouveaux profits. Face à ces investissements étrangers massifs, protégés par des traités, les paysans peinent à faire valoir leurs droits à la terre et se retrouvent privés de leur principale source de revenu.
La petite agriculture familiale peut nourrir le monde
LA REVUE DURABLE, n°37, 2010/05, P. 15-51
Un dossier complet pose la question du modèle agricole productiviste mondial. Deux articles sont plus particulièrement à retenir :
- " Il faut faire cesser l’accaparement mondial des terres ". P. 30-31
- " La menace de l’expropriation foncière à grande échelle ". P.27-29
Résistance à Gambela contre l’accaparement des terres : Entretien avec Nyikaw Ochalla
GRAIN, 2010/04.
L’Éthiopie est aujourd’hui l’une des principales cibles de la ruée sur les terres agricoles dans le monde. Le gouvernement éthiopien a déclaré publiquement qu’il entend fournir 3 millions d’hectares de terres cultivables aux investisseurs étrangers et il semble qu’un million d’hectares aient déjà fait l’objet d’un accord. Une bonne partie des terres acquises par les investisseurs se trouvent dans la province de Gambela, une zone fertile qui est la patrie du peuple Anuak, peuple autochtone qui pratique l’agriculture, le pastoralisme, la chasse et la cueillette.
Accaparement de terres au Kenya et au Mozambique : Rapport de deux missions d’enquête et une analyse axée sur les droits humains de l’accaparement de terres
FIAN INTERNATIONAL , 2010/04, 40 P.
A travers deux études de cas d’accaparement de terres du Delta du fleuve Tana (zones marécageuses de Yala au Kenya et district de Massingir au Mozambique), qui pointent les impacts sur les conditions de vie des populations, FIAN International privilégie une approche axée sur les droits humains pour analyser l’accaparement de terres et démontre en quoi ce phénomène fait peser de nombreuses menaces en terme de droits économiques, sociaux, culturels, civils et politiques. Le rapport rappelle également le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Dossier : Préserver les terres agricoles, une urgence d’utilité publique
CAMPAGNES SOLIDAIRES, n° 247, 2010/01
Lotissements, lignes TGV, routes, autoroutes, aéroports, zones industrielles ou commerciales bétonnent une surface de champs équivalente à un département français tous les dix ans. Ce dossier décrit les luttes menées un peu partout dans le pays pour sauvegarder les terres agricoles et permettre aux paysans de se maintenir dans les territoires pour vivre de leur travail.
Les nouveaux propriétaires fonciers
GRAIN - INFORMATIONS ET COMMENTAIRES, n°149, 2009/10, P. 25-31
Même si les gouvernements facilitent les accords, les principaux responsables de l’actuel accaparement de terres sont les grandes entreprises privées. Le capital financier (fonds et sociétés d’investissement) joue un rôle absolument considérable, un nouveau lobby extrêmement puissant se met en place pour se débarrasser de toutes réglementations contraignantes. Et leurs intérêts ne sont pas ceux des gouvernements ou des populations. Comme le constate un des leaders d’une organisation paysanne au Bénin, l’accaparement des terres est essentiellement "une façon d’exporter l’insécurité alimentaire".
Mainmise sur les terres africaines ?
LAISHLEY, Roy - AFRIQUE RENOUVEAU , n°3, 2009/10, P. 4-5, P. 22
Des sociétés et des gouvernements étrangers achètent des terres africaines. Ce néocolonialisme se fait à des échelles sans précédent, dans plusieurs pays africains. Pour les investisseurs, l’intérêt est d’assurer la sécurité alimentaire de leur propre pays et de produire des agrocarburants. Les projets agricoles sont exclusivement prévus pour l’exportation et stimulent peu l’économie africaine. C’est une attaque contre le droit à la terre, traditionnel pour les paysans africains.
Le Sud se rebiffe
COURRIER INTERNATIONAL , n°991, 2009/10/29, P. 36-43
Les terres arables d’Afrique, de certains pays d’Asie du sud est et d’Amérique latine sont l’objet d’accords commerciaux entre des pays investisseurs et leurs gouvernements. Ces terres sont louées ou vendues pour y cultiver principalement du riz, du maïs, du soja de la canne à sucre ou des lentilles. Les accords se font rarement au profit de la population locale : ils posent le problème de l’accès à la terre et de l’approvisionnement en eau. De plus, les technologies apportées par les investisseurs ne profitent pas aux agriculteurs locaux et les exploitations d’agriculture intensive ne créent que peu d’emplois.
Foncier : l’Inde cultive l’Afrique
COURRIER DE LA PLANETE , n°91, 2009/10, P. 54-55
Soutenues par le gouvernement, de plus en plus d’entreprises indiennes acquièrent des terres fertiles en Afrique pour y développer des cultures intensives qui approvisionnent l’Inde. Cette course au foncier s’opère aux dépens des communautés locales qui se voient concurrencer directement sur leurs terres et devront subir les dégâts environnementaux de ces cultures intensives d’exportation. [Résumé de l’éditeur].
Madagascar : Daewoo fait main basse sur la terre
PEUPLES SOLIDAIRES - APPELS URGENTS , n°326, 2009/02/14, 4 P.
Dans la plus grande opacité, l’entreprise sud-coréenne Daewoo signe avec le gouvernement malgache des baux de location de 99 ans sur 1,3 millions d’hectares, soit "la moitié des terres arables" de l’île, afin d’y produire du maïs et de l’huile de palme pour "renforcer la sécurité alimentaire de la Corée du Sud". La seule contrepartie consisterait à investir dans les infrastructures nécessaires à ce projet. De nombreux témoignages indiquent que l’application est déjà en cours : dans les districts de Brickaville, Toamasina II, Vatomandry, Maintirano. D’autres demandent ont été enregistrées. La société civile malgache refuse la remise en cause du patrimoine commun, la spoliation de nombreuses familles, l’enrichissement personnel de quelques individus au sommet de l’Etat. Elle craint les risques de voir les terres agricoles desséchées, la biodiversité réduite, les semences transgéniques.
A voir [3]
Cent mille et une victoires pour le monde : la marche Jan Satyagraha
CAMPANA, Louis, VERLET, François
MEDIANE PRODUCTIONS, ASSOCIATION SHANTI, 2013/05.
Jan Styagraha, qui signifie " résistance non violente du peuple " en hindi, est une marche non violente de 350 km organisée par l’association Ekta Parishad. Ce film raconte la marche, les vingt de lutte non-violente mais aussi les acquis : le million de titres de propriétés distribués aux Adivasis depuis 2008 qui ont profondément transformé leur vie. Un exemple pour l’avenir ?
La face cachée des agrocarburants
BACCAERT An, NAVARRO, Christiano, MUNOZ, Nicolas
FIAN, 2011.
A l’ouest du Brésil (Mato Grosso do Sul), les Amérindiens guarani-kaiowá ont perdu 90 % de leur territoire depuis 1915. Après le bétail et le soja, leur cauchemar est devenu l’expansion des cultures de canne à sucre pour la production d’éthanol. La faim s’installe, un comble pour ce peuple dont la variété des aliments faisait autrefois l’admiration. Aujourd’hui confinés dans des réserves, ils se battent pour retrouver leurs droits et leurs terres. Pendant ce temps, le marché de l’éthanol se développe à grande allure au Brésil et à l’international, au profit des entreprises brésiliennes et multinationales.
Planète à vendre
MARANT, Alexis
ARTE, 2010.
Alors que la crise financière et les émeutes de la faim de 2008 alertent l’opinion, le phénomène de l’accaparement des terres dans les pays du Sud bat son plein. Le film, à travers le regard de Javier Blas, journaliste du Financial Times, présente les divers acteurs : pays du Golfe, multinationales (indienne en l’occurrence) et fonds d’investissement. Il donne la parole à des investisseurs décomplexés et aussi à des paysans dans divers pays : Éthiopie, Argentine, Uruguay. Sous prétexte de nourrir la planète, l’agriculture industrielle exclut les paysans et ruine la biodiversité. Le développement des agrocarburants renforce la pression sur les terres cultivables. De grands témoins, comme Jacques Diouf de la FAO ou Olivier de Schutter, rapporteur pour le droit à l’alimentation à l’ONU, tirent la sonnette d’alarme face à ce grand Monopoly : 80 millions d’hectares ont déjà été accaparés.
TERRES
REVELLI, Philippe , CCFD-Terres Solidaires, 2012.
TERRES propose une série de web reportages. Dans ces reportages, réalisés dans huit pays d’Afrique Subsaharienne, d’Amérique latine et d’Asie, l’auteur rencontre des communautés paysannes, partenaires du CCFD-Terre Solidaires. Celles-ci dénoncent la menace que représentent ces opérations foncières à grande échelle pour la sécurité alimentaire des populations locales, mais aussi les risques de conflits qu’elles génèrent et leur impact environnemental.
Pour aller plus loin
Via campesina : La Via Campesina est le mouvement international qui rassemble des millions de paysannes et de paysans, de petits et de moyens producteurs, de sans terre, de femmes et de jeunes du monde rural, d’indigènes, de migrants et de travailleurs agricoles… Elle défend l’agriculture durable de petite échelle comme moyen de promouvoir la justice sociale et la dignité. Elle s’oppose clairement à l’agriculture industrielle et aux entreprises multinationales qui détruisent les personnes et l’environnement.
GRAIN : GRAIN est une petite organisation internationale à but non lucratif qui soutient la lutte des paysans et des mouvements sociaux pour renforcer le contrôle des communautés sur des systèmes alimentaires fondés sur la biodiversité.
CCFD Terres solidaires : Pour le CCFD-Terre Solidaire les accaparements massifs de terres au profit d’intérêts privés ou d’États tiers ciblant des dizaines de millions d’hectares (que ce soit pour des raisons alimentaires, énergétiques, minières, environnementales, touristiques, spéculatives, géopolitiques, etc.) portent atteinte aux droits humains. En outre, ils privent les communautés locales, les paysans, les agriculteurs et les pêcheurs, de leurs moyens de production et empêchent leurs accès aux ressources naturelles, aggravant ainsi les inégalités quand à l’accès à la terre.
Peuples Solidaires : la campagne FaimZéro, menée en lien avec ActionAid Internationale, pour le droit à l’alimentation, le droit à la terre et aux ressources, le droit à la souveraineté alimentaire s’articule en deux volets principaux : Les accaparements de terres qui enlèvent aux paysans leurs moyens de subsistance et les agrocarburants, extrêmement dangereux pour la sécurité alimentaire des populations rurales.
Droit à l’alimentation et droit foncier : Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, explique que les droits fonciers sont essentiels pour assurer l’accès à des ressources productives et que celles-ci sont à leur tour fondamentalement importantes pour la réalisation du droit à l’alimentation.
Réseau In-Terre-Actif : les luttes paysannes décryptées pour des élèves de collèges/lycées.
Appel urgent Peuples Solidaires/ActionAid.
Même si des campagnes portent leur fruits, l’accaparement des terres se poursuit, par exemple au Cameroun.
Depuis 45 ans, des milliers d’hectares de forêt sont défrichés et remplacés par des monocultures de palmiers à huile au Cameroun. En plus de participer au réchauffement climatique, cette activité réduit les espaces disponibles pour les cultures vivrières dont dépendent les populations locales.
Plus grande entreprise productrice d’huile de palme brute du Cameroun, la Socapalm est une filiale du groupe Socfin, enregistré au Luxembourg, dont l’actionnaire principal est le groupe Bolloré, avec 38% du capital.
Pour aller plus loin et signer cet appel.