10 octobre : Journée internationale pour l’abolition de la peine de mort

Publié le : , par  Francine

Décapitation, pendaison, injection létale, fusillade... La peine de mort est un acte cruel, inhumain et dégradant, incompatible avec le respect du droit à la vie. Inefficace pour faire baisser la criminalité, la peine de mort peut aussi conduire à l’exécution d’innocents condamnés à la suite de procédures bâclées.

C’est le 10 octobre 2003 qu’a été instituée la première journée mondiale contre la peine de mort à l’initiative de la Coalition mondiale contre la peine de mort.

Depuis 2003, des progrès importants ont été réalisés sur la voie de l’abolition. Dans un premier temps, 21 pays avaient aboli la peine de mort pour tous les crimes. On compte aujourd’hui 105 pays abolitionnistes en droit et 35 en pratique (c’est à dire qu’ils n’ont procédé à aucune exécution depuis au moins 10 ans) soit au total 140 pays abolitionnistes, ce qui représente plus de 70% des Etats.
Par ailleurs, sur le plan mondial, l’assemblée générale de l’ONU a voté entre 2007 et 2012 quatre résolutions pour un moratoire sur l’application de la peine de mort, chaque fois par un nombre croissant de pays. De plus, depuis 2003, 26 nouveaux états ont ratifié l’accord de l’ONU visant à abolir la peine de mort.

La marche vers l’abolition est donc en route dans toutes les régions du monde mais 58 pays maintiennent encore la peine de mort. Certains pays continuent de l’appliquer pour des actes tels que l’adultère, la corruption, le trafic de drogue, l’opposition au gouvernement, le blasphème, alors que ces actes ne sont pas considérés comme des « crimes » passibles de la peine de mort par le droit international.

En 2012 , les cinq pays qui ont exécuté le plus de prisonniers sont la Chine, l’Iran, l’Irak, l’Arabie Saoudite et les États Unis. En Chine, plusieurs milliers de personnes auraient été exécutées, mais les chiffres officiels ne sont pas communiqués, la peine de mort étant classée « secret d’état ». Aux États Unis, la peine de mort est appliquée au niveau fédéral et dans 32 états sur 50. En Europe, la Biélorussie est le seul pays à pratiquer la peine de mort, dans des conditions particulièrement iniques : la torture est utilisée pour extorquer des aveux qui sont retenus à titre de preuves lors des procès, alors que ce pays a signé les traités internationaux interdisant ces pratiques.

A lire
Blasphème, Asia Bibi, 2011
Chrétienne du Pendjab, Asia Bibi, ouvrière agricole, ramassait des baies rouges, le 14 juin 2009 lorsqu’elle commit l’irréparable aux yeux de ses voisines : boire de l’eau dans un puits supposé réservé aux musulmans. Parce qu’elle a répondu aux femmes qui l’accusaient d’avoir sali l’eau, Asia Bibi a été accusée de "blasphème", un acte passible de la peine de mort au Pakistan. Aussitôt jetée en prison, Asia Bibi a été jugée en novembre 2010 et condamnée à la peine capitale par pendaison.

L’honneur d’Edward Finnigan, Anders Roslund, Börge Hellstrom, 2011
En opposant les notions de vengeance personnelle et de justice, les auteurs’interrogent sur la valeur éthique de la peine de mort, et livrent un roman coup de poing, qui invite à la réflexion.

Actes 3èmes congrès mondial contre la peine de mort, Emmanuel Maistre, 2008
La rencontre des abolitionnistes de la peine de mort a montré que de part le monde les militants et les gouvernements faisaient reculer la peine de mort. Un nombre croissant de pays, comme le Rwanda, ayant décidé d’enrayer cette pratique cruelle et le nombre d’exécution diminuant.

Contre la peine de mort, Robert Badinter, 2008
Au fil des articles, des essais, des discours qu’il rassemble - dont la fameuse harangue aux députés de 1981 -, cet ouvrage retrace les avancées du combat de Robert Badinter contre la peine de mort.

Victor Hugo : "Non à la peine de mort", Murielle Szac, 2008
Murielle Szac raconte, entre imaginaire et réalité, la vie de Victor Hugo et de ce qui l’a poussé à se lever et dire non à la peine de mort.

Nous sommes tous des assassins, Jean Meckert, 2008
Au lendemain de la guerre, René Le Guen est condamné à la peine capitale pour avoir commis trois meurtres. Même si Le Guen n’a rien d’un individu sympathique, le lecteur ne peut sortir indemne du flot de questions qu’il soulève au travers des interrogations qu’il partage avec ses compagnons de cellule et qui font de ce roman un redoutable plaidoyer contre la peine de mort.

Sucre et secret, Paule Constant, 2004
Une jeune française, professeur et écrivain, invitée dans une université de Virginie rencontre David Dennis, condamné à mort pour viol, actes de barbarie et meurtre sur une jeune étudiante de Rosebud. Depuis 10 ans, il clame son innocence au fond d’une prison de Virginie. Elle va ensuite rejoindre les femmes qui mènent l’ultime combat pour empêcher l’exécution : sa mère bien sûr, Rosario la bibliothécaire et la journaliste Heather Heath.

La mort en fleur, Mumia Abu-Jamal, 1998
Ce livre décrit les réflexions du journaliste noir américain Abu-Jamal MUMIA, condamné à mort pour homicide en 1982 dans l’État de Pennsylvanie après un procès tronqué. Ces réflexions portent sur la liberté d’expression aux États-Unis, la discrimination raciale contaminant parfois la justice, la force de l’écrit comme instrument de protestation, le rôle des médias. Le livre comporte aussi une analyse personnelle de la religion et de la foi comme un moyen de résister psychologiquement dans le couloir de la mort.

Pour l’abolition universelle de la peine de mort
Article paru dans Le Monde du 11 juin 2013.

Levons la chape de plomb qui recouvre la peine de mort au Bélarus
Un article paru sur le site d’Amnesty International le 10 avril 2013.

Jerry Givens, bourreau, mais pas trop
Article paru dans le Courrier International n° 1167 du 14 mars 2013.

France : offensive diplomatique contre la peine de mort
Article paru dans la Chronique d"Amnesty International de décembre 2012.

A voir
Into the Abyss, (a tale of death, a tale of life), Werner Herzog, 2012
Le 1er juillet 2010 le cinéaste Werner Herzog interviewe, huit jours avant son exécution, Michael Perry, condamné pour le meurtre d’une femme et de deux enfants. Suite à cette rencontre, il retourne sur les lieux du crime, interroge les enquêteurs, consulte les archives de la police, discute avec les familles des victimes et des criminels, rencontre un ancien bourreau du couloir de la mort. Non pour juger mais pour essayer de comprendre.

Toute ma vie (en prison), Marc Evans, 2011
Au moment même où William Francome nait, le 9 décembre 1981, un homme est arrêté pour le meurtre d’un policier de l’autre coté de l’Atlantique. Cet homme est noir, journaliste et s’appelle Mumia Abu-Jamal. Pendant que William grandit paisiblement dans une banlieue de Londres, Mumia devient peu à peu un des plus célèbres condamnés à mort américain. En 2006, à 25 ans, William décide de partir sur les traces de celui qui a été en prison durant toute sa propre vie. Le film le suit dans ce parcours et l’accompagne d’images d’archives inédites et de nombreuses interviews de personnalités et intellectuels américains, de Noam Chomsky... à Snoop Dogg.

Honk, Arnaud Gaillard , Florent Vassault, 2011.
Missionné par l’ONG "Ensemble contre la peine de mort" pour faire une étude sur la peine capitale aux Etats-Unis, le sociologue Arnaud Gaillard a coréalisé avec le monteur réalisateur Florent Vassault un documentaire aussi passionnant que terrifiant sur un système judiciaire prônant l’assassinat légal.

La Dernière Marche (Dead Man Walking), Tim Robbins, 1995.
Film réalisé d’après le livre du même titre de Sœur Helen Prejean, religieuse américaine qui a accompagné plusieurs condamnés à mort jusqu’au moment de leur exécution. Depuis lors, elle n’a cessé de faire campagne pour l’abolition de la peine de mort partout dans le monde.

Tu ne tueras point, Krzysztof Kieslowski, 1987
Violent réquisitoire contre la violence et la peine de mort, ce film fut salué à Cannes par une presse unanime. Prix du Jury festival de Cannes 1988, prix de la Critique internationale.

Des vidéos sur le site d’Amnesty International

Pour aller plus loin
Amnesty International
Amnesty International France
Amnesty International est un mouvement mondial et indépendant qui se donne pour mission de mener des recherches et des actions visant à prévenir et faire cesser les atteintes graves à l’ensemble des droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans les textes internationaux relatifs aux droits humains.

Ensemble contre la peine de mort
ECPM est l’organisation francophone de lutte contre la peine capitale dans le monde. L’association loi 1901 s’attache à fédérer et à mobiliser les forces abolitionnistes internationales, à enseigner l’abolition et à agir pour et auprès des condamnés à mort et de leurs défenseurs.

ACAT
L’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture a pour but de combattre la torture partout dans le monde, sans distinction idéologique, ethnique ou religieuse. L’abolition de la peine de mort et la défense du droit d’asile font également partie de ses objectifs.

Coalition mondiale contre la peine de mort
Composée de plus de 145 ONG, barreaux d’avocats, collectivités locales et syndicats, la Coalition mondiale contre la peine de mort est née à Rome le 13 mai 2002. Elle a été fondée suite au premier Congrès mondial contre la peine de mort et vise à renforcer la dimension internationale du combat contre la peine de mort.

Collectif Unitaire National de soutien à Mumia Abu-Jamal
Créé en 1995, le Collectif rassemble une centaine d’organisations et de collectivités publiques françaises (associations de défense des droits humains, syndicats, partis politiques, collectifs locaux & régionaux, collectivités territoriales). Son objectif est d’obtenir un nouveau procès permettant au journaliste noir américain de défendre son innocence et de recouvrer la liberté.

Pour agir
Vous pouvez signer et faire signer les pétitions qui interpellent les gouvernements des trois pays cibles de cette journée 2013 : le Guatemala, La Barbade, Trinité-et-Tobago

Pour signer directement en ligne :

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